🤌🏻 Citations choisies de Paul le Cour
Un grand nombre de chrétiens, écrit Wells dans Dieu l’invisible roi, niaient absolument que Jéhovah fût Dieu ; à leurs yeux, le Christ en révolte contre Jéhovah, absolument comme Prométhée contre Jupiter, fut le libérateur de l’humanité. Cette croyance persista pendant longtemps dans toute la chrétienté ; beaucoup de sectes persécutées les professèrent, des Albigeois et des Cathares jusqu’aux pauliciens de l’Orient. C’est surtout à cause des polémiques des Cathares contre le Dieu des Hébreux que l’Église catholique se vit contrainte d’interdire aux laïcs la lecture de l’Ancien Testament.
En faisant non plus du samedi, mais du dimanche (dies dominica, jour du Seigneur et jour du Soleil) le jour particulièrement religieux, l’Église chrétienne s’éloignait du judaïsme et revenait à la grande tradition solaire. Alors que le flambeau à sept branches des juifs ne marque aucune priorité pour le soleil, le christianisme a placé l’ostensoir, figurant le soleil, entre les six luminaires (alors connus), autre rappel du rôle que joua le soleil dans la religion primitive.
Alors que chez les Gaulois, comme chez les Grecs, les prêtres portaient des robes blanches comme les Esséniens, le clergé chrétien adopta la robe noire des lévites juifs.
« Le christianisme judaïsant, a écrit Coquerel (Premières transformations du christianisme, 1866), fut une limitation, une dégénérescence de la doctrine du Maître. L’enseignement de Jésus avait été réduit aux horizons étroits du christianisme judaïque. »
Le christianisme à demi-judaïque de saint Pierre glissa sur une pente toujours plus rapide et devint par degrés l’Église catholique en accueillant les idées judaïques.
Le christianisme judaïque partit de cette idée que le Christ n’était pas venu abolir le judaïsme et commencer nouvelle vie religieuse de l’humanité. À cette altération du christianisme, s’opposa le christianisme hellénisant d’Etienne.
Jean fut le point de contact entre le christianisme et le gnosticisme ; c’est le christianisme hellénique.
« L’Évangile de Jean, a écrit le commandant Lipmann (Origines juives de la Cène chrétienne, 1923), a délibérément jeté le judaïsme par-dessus bord comme un lest encombrant. »
Rome adopta le christianisme judaïque, la hiérarchie d’Israël, son culte extérieur, sa notion du sacrifice ; elle adopta saint Pierre et son christianisme judaïsant. Le protestantisme adopta saint Paul qui combattit la religion extérieure au profit du domaine de la foi et de la conscience.
« Le 4e Évangile est conçu en dehors de l’esprit judaïque qui transparaît dans les synoptiques, et son rapport avec l’hellénisme est évident », a écrit Eliphas Lévi (Histoire de la magie).
C’est dans la 1ère Epître de Jean que l’on trouve cette expression sublime : « Dieu est amour ! » Ceux qui nous disent que le Christ est venu continuer et développer la Loi mosaïque devraient songer qu’une telle conception de Dieu est fort éloignée de celle du Jéhovah cruel et sanguinaire du judaïsme.
À la loi du talion : « œil pour œil, dent pour dent », s’oppose l’enseignement du Christ : « Aimez-vous les uns les autres, aimez vos ennemis ! » Et ici encore, nous retrouvons l’idéal hellénique, l’Eros socratique et platonicien dont parlait déjà Hésiode, qui nous a transmis les plus anciens échos de la tradition primitive venue vraisemblablement de l’Atlantide.
Autran (Mithra et la préhistoire aryenne du christianisme) a écrit :
« Bien loin d’être une religion d’origine surtout hébraïque comme on continue bien à tort à l’enseigner, la religion chrétienne est l’incontestable résultat d’un prophète aryen. » (…)
De G. de Lafont (Le mazdéisme, 1897) : « Personne plus que moi n’admire les beautés du christianisme primitif, basé sur les Évangiles, et non celui que les hommes ont façonné à leurs idées et à leurs usages depuis dix-huit siècles. (…)
Il serait aisé de prouver que les théories fondamentales du christianisme, telles que la théorie du Sauveur et de l’incarnation, celles de la Trinité et des hypostases du Verbe, de la résurrection des morts, appartiennent soit au mazdéisme, au brahmanisme ou aux Alexandrins…
Certains sacrements, tels que le baptême, la confession, l’ordination, la communion, avaient également leur origine dans les religions aryennes antérieures… Son mérite (au christianisme) est d’avoir épuré les dogmes, retranché bon nombre de superstitions et d’avoir coordonné toutes ces doctrines en un tout homogène.
On peut ajouter que s’il se fut nettement séparé des doctrines sémitiques qu’il était venu combattre et qu’il eût résolument rejeté l’Ancien Testament, il est vraisemblable qu’il serait encore aujourd’hui inattaquable. »
Hellénisme et Christianisme, 1943
« L’Évangile de Jean a délibérément jeté le judaïsme par-dessus bord, comme un lest encombrant. » (Commandant Lipmann, Origine de la Cène chrétienne, 1913)
« Le 4e Évangile » écrit de son côté Albert Réville, « a définitivement émancipé la pensée chrétienne de la théologie juive (…). La manière dont l’évangéliste, au chapitre VII et dans les chapitres suivants, parle des juifs et des Pharisiens, montre clairement qu’il ne se considère pas lui-même comme appartenant au peuple juif. »
« En général, il est parlé des Juifs comme d’une classe d’hommes étrangers auxquels aucun lien ne rattacherait l’auteur de l’Évangile » dit Reuss. (La Théologie johannite)
Selon Henri Delafosse, le Christ de l’Évangile johannite rejette l’Ancien Testament ; il le repousse avec mépris. Il dira dédaigneusement aux Juifs, en parlant de la Loi de Moïse : « Votre loi. » Elle n’est donc point la sienne ? En conséquence, les références à Moïse, aux prophètes, aux patriarches que renferme le 4e Évangile seraient des interpolations tendancieuses.
L’idée de l’importance de l’Ancien Testament est écartée par cette affirmation que les Juifs n’ont jamais entendu la voix de Dieu ni vu sa face (Ioan V,37) et par cette déclaration qui a tant causé d’insomnies aux théologiens, dit Reuss : « Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands » (Ioan X, 8).
Cette phrase indique nettement que le Christ rompait avec la loi juive. Certains Pères de l’Église latine ont appliqué ces paroles aux penseurs et philosophes grecs, dits païens ; mais, ce qui prouve qu’il s’agit bien de la loi de Moïse, c’est que le Christ s’élevait, avec violence, contre les scribes et les pharisiens, qu’il accusait d’avoir voilé aux hommes la vérité.
L’évangile ésotérique de Saint-Jean, 1950
« Dès l’époque de Paul », écrit l’abbé Claude Toussaint (La Gnose paulinienne), « le christianisme s’oppose de façon farouche au judaïsme. Pour Marcion (IIe siècle) il y a antithèse absolue entre le christianisme et le judaïsme, le second altérant le premier. Saint Paul a déclaré maintes fois que Jésus-Christ nous avait délivrés de la Loi de Moïse. »
On trouve cependant au chapitre V, 17 de Matthieu la fameuse phrase sur laquelle s’appuient les judéo-chrétiens :
« Je ne suis pas venu pour détruire la Loi, mais pour l’accomplir. »
Mais est-ce bien le mot accomplir qui convient ? Ne serait-ce pas plutôt le mot parfaire ? En effet, si nous lisons la suite du chapitre, nous trouvons qu’il est dit dans la Loi : faites ceci, mais que le Christ déclare : faites cela. Les six cas qui s’y trouvent envisagés ont pour but de modifier, de compléter ou d’annuler les enseignements de la Loi concernant le serment, la vengeance, la haine des ennemis, la femme adultère, etc. Il contredit donc l’enseignement de la Loi de Moïse. C’est d’ailleurs parce que toute la doctrine du Christ est contraire à cette Loi et pour mettre fin à sa prédication que les Juifs l’ont fait mettre à mort.
L’évangile ésotérique de Saint-Jean, 1950
Avant de s’infiltrer dans le christianisme et de l’accaparer à leur profit, au point de dire que le Christ est le « plus illustre des Juifs », il y eut donc au début une lutte acharnée entre le christianisme et le judaïsme. Non contents d’avoir fait mettre à mort le Christ, les Juifs expulsaient de la synagogue et de la communauté juives les disciples du Christ. C’est ce qui est arrivé aux disciples de Paul. Il n’était pas possible, en effet, de reconnaître la grandeur du Christ et de ses enseignements sans être exclu de la synagogue. D’ailleurs, selon le verset 14 du chapitre XVII de la Genèse, Jéhovah dit : « Le mâle incirconcis sera exterminé du milieu de son peuple parce qu’il aura violé mon alliance ».
Cependant l’Église de Pierre, et bien que tout le Nouveau Testament annule l’Ancien, considère que les Ecritures chrétiennes continuent l’enseignement de Moïse et que le christianisme dérive du judaïsme.
L’évangile ésotérique de Saint-Jean, 1950
Les interpolations que l’on trouve dans l’Évangile de Ioan ont toujours pour but de rattacher le christianisme au judaïsme et de faire du Nouveau Testament le continuateur de l’Ancien, comme dans les trois Évangiles, dits synoptiques. La plus flagrante est celle du verset 22 du chapitre IV où, au milieu du discours du Christ, à la Samaritaine, on a glissé audacieusement : « Car le salut vient des Juifs » ; ce qui est en contradiction avec tout l’enseignement du Christ et avec ce qui est dit au verset 17 du chapitre I, où l’on trouve : « Car la loi a été donnée par Moïse, mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. »
Au verset 49 du premier chapitre on a ajouté visiblement « tu es le roi d’Israël ».
Une autre interpolation se trouve au chapitre XII, où, entre les versets 37 et 42, qui se suivent, on a intercalé une allusion à un texte d’Ésaïe ; dans le même chapitre, les versets 14 à 16 sont une addition tendancieuse, en vue de faire réaliser, par le Christ, une autre prédiction d’un prophète hébreu.
Nous en trouvons une encore au chapitre V, verset 46, où l’on fait dire au Christ : « Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car il a écrit sur moi. »
Dans son livre, Le Quatrième Évangile, Henri Delafosse cite beaucoup d’autres interpolations. Celle-ci, entre autres : au chapitre I, verset 16, le Christ appelle le Temple de Jérusalem « la maison de son Père ». Or, il ne saurait appeler ainsi le temple de Jéhovah et il aurait été en contradiction avec sa déclaration à la Samaritaine, où il lui déclare qu’un jour viendra où on n’adorera plus « ni sur cette montagne ni à Jérusalem mais en esprit et en vérité ».
Comme le dit Henri Delafosse, le Christ du 4e Évangile, qui méprise l’Ancien Testament, n’a pu le citer comme autorité et, par conséquent, les références à Moïse, aux patriarches et aux prophètes, ne peuvent émaner que d’un interpolateur.
Le récit concernant la femme adultère (chap. VIII) serait une interpolation, mais il renferme un exemple de la différence de l’enseignement du Christ, par rapport à celui de Moïse. La loi juive ordonnait, en effet, de lapider la femme adultère (la femme, dans le judaïsme, était considérée comme l’égale des animaux).
La question posée au Christ : « Que faut-il faire ? », était spécieuse ; car il allait se trouver pris dans un dilemme : ou bien condamner l’enseignement de Moïse et s’exposer aux représailles, ou bien se mettre en contradiction avec son enseignement, tout de douceur et de bonté. L’Évangile nous dit qu’alors, s’étant baissé, il écrivit sur le sol puis, s’étant relevé, il déclara : « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre » ; réponse habile qui tranchait la difficulté. Mais que signifie ce geste d’écrire sur le sol, qui fait penser à un acte de magie géomancique ? Car il paraît invraisemblable que le Christ ait eu besoin de recourir à semblable pratique. C’est pourquoi l’idée d’interpolation semble exacte.
Rappelons que nous avons vu une autre interpolation à la fin du chapitre XXI (versets 15 à 17), relative à la primauté de Pierre.
Le 4e Évangile doit donc être préalablement expurgé de ces interpolations, pour retrouver sa véritable figure.
L’évangile ésotérique de Saint-Jean, 1950
En disant que Dieu est Amour, Ioan ne saurait parler du Dieu des Hébreux, qui était un Dieu cruel, exigeant des massacres et des sacrifices sanglants. Contre ces pratiques, qui transformaient le Temple de Jérusalem en un abattoir, tonnaient les prophètes d’Israël qui se séparaient nettement des scribes, des pharisiens et des lévites. Le Dieu féroce des Juifs était à l’opposé du Dieu d’amour prêché par le Christ. Mais l’habileté suprême fut de persuader, par la suite, aux chrétiens, que Jéhovah, dont le Christ n’a jamais prononcé le nom, était leur Dieu. Nous voici bien loin des premiers Pères de l’Église et de l’Évangile johannite qui est hellénique.
L’évangile ésotérique de Saint-Jean, 1950

