Retour sur l’affaire Jimmy Savile

Extrait de Erwan Moullec, Top of the Pops, Top Secret n°107, cité au chapitre Pédocriminalité de mon Abécédaire du Nouvel Ordre Mondial


2012 sonna la fin d’un monde pour la BBC lorsque la chaîne concurrente ITV accusa la mythique institution radiophonique et audiovisuelle britannique d’avoir fermée les yeux sur un scandale d’abus sexuels au sein de ses locaux. En cause, des artistes et des employés de la chaîne dont le célèbre disc-jockey et animateur Jimmy Savile, inhumé l’année précédente avec faste à l’âge de 84 ans. Surnommé affectueusement « Uncle Jimmy » par le peuple, ce phénomène de la radio et de la télévision fit les heures de gloire d’Auntie BBC, la « tante » des Britanniques, en animant les shows télévisés à succès Top of the Pops et Jim’ll Fix It. Suite à sa disparition en 2011, Scotland Yard, qui enregistrera près de 500 plaintes à son encontre, principalement pour des faits d’agressions sexuelles sur mineurs, qualifiera Savile de « plus grand prédateur sexuel qu’ai connu l’Angleterre » ; ternissant à jamais l’image et la réputation de la légendaire Beeb. Jimmy Savile apparaîtrait désormais aux yeux du public comme un monstre de la pire espèce, une abomination, une « bête » comme l’Angleterre n’en avait plus connu depuis le sinistre mage noir Aleister Crowley.

L’île tout entière se réveillait à grand peine d’un demi-siècle d’hypnose télévisuelle collective en découvrant qu’oncle Jimmy, son animateur préféré, adulé pour son engagement dans quantités d’œuvres de bienfaisances au profit des plus démunis, cachait en réalité un sordide pervers sexuel insatiable, nécrophile à ses heures perdues. Décoré par le pape et anobli par la reine d’Angleterre, intime de la famille royale, confident des plus hauts dignitaires politiques, médiatiques et religieux de l’Empire ainsi que mentor des Beatles et promoteur de la British Invasion dans le monde, Sir Savile l’intouchable aura sévi tel un espion pendant plus d’un demi-siècle dans l’ombre des plus grands.

Mais qui diable était-il ? Comment, malgré les nombreuses plaintes à son encontre dès les années 60, avait-il pu constamment glisser au travers des mailles du filet de la police et éviter ainsi le glaive de la justice ? Et que penser de son étrange amitié avec « L’éventreur du Yorkshire », cet effroyable tueur en série qui terrorisa l’Angleterre à l’instar de Jack l’éventreur ? Y aurait-il quelque chose de pourri au royaume de sa majesté ? (…)

Au total, Savile aurait sévi dans une quarantaine de lieux différents principalement au sein des locaux de la BBC à Londres, à l’hôpital Stoke Mandeville d’Aylesbury, à l’infirmerie générale de Leeds à l’hôpital psychiatrique pour criminels Broadmoor de Berkshire et dans le pensionnat de filles de Duncroft à Staines. Dans toutes ces institutions, Savile disposait d’un accès privé, de son propre jeu de clés, d’un bureau et d’une chambre. En 2008, le journal The Sun fut l’un des rares médias qui tenta d’incriminer Savile de son vivant, en vain, dans « l’affaire du Haut de la Garenne », un austère orphelinat situé sur l’île de Jersey où des enfants auraient été torturés et agressés sexuellement. Mais le quotidien britannique sera condamné pour diffamation à l’encontre de Savile, ce dernier affirmant n’avoir tout bonnement jamais mis les pieds dans ce foyer pour enfant. Pourtant, malgré le fait qu’il existe une photo de Savile posant en compagnie des orphelins au foyer de Haut de la Garenne à Jersey, l’affaire sera classée sans suite, faute de preuves. (…)

Il est ordonné Chevalier de l’Ordre Pontifical de Saint Grégoire le Grand par le pape Jean-Paul II, pour avoir « défendu les valeurs chrétiennes » au cours de ses généreuses actions de bienfaisance. Intime de la famille royale, Savile jouera même le rôle de conseiller matrimonial informel entre le prince Charles et la princesse Diana (1961-1997) à la fin des années 80, cette dernière décrivant Savile comme « le mentor de Charles ». Ainsi, aux obsèques de Savile en 2011, l’héritier du trône d’Angleterre se chargea des hommages, affirmant à quel point il était « profondément attristé » par le décès de son ami et mentor. A noter que le prince Andrew, second fils de la reine et proche de Savile, fut également un intime du milliardaire américain Jeffrey Epstein, qui, arrêté le 7 juillet 2019 pour trafic sexuel de mineurs, sera retrouvé pendu dans sa cellule un mois plus tard, alors qu’il était pourtant placé sous haute surveillance. (…)

Savile prétendait avoir été formé comme espion par les services secrets britanniques durant la Seconde Guerre mondiale. Ce statut pourrait-il expliquer son intouchabilité au sein de la BBC et l’immunité dont il semblait jouir à l’extérieur de celle-ci ?

En 1975, Savile s’est rendu en Israël pour conseiller le président Ephraim Katzir sur des questions ayant trait à la sécurité du pays. Interrogé sur son rôle dans cette étrange affaire, il déclara « Les Israéliens m’ont demandé mon opinion sur un certain nombre de choses. Ils ont suivi exactement ce que j’avais suggéré et cela a fonctionné à 100 %. » (…)

Dans les années 70, Savile affichait ouvertement à la télévision son appartenance à la doctrine ésotérique de Thelema, dont le concept clé « Fais ce que tu voudras sera toute ta loi » avait été inspiré à Aleister Crowley par la devise « fais ce que voudras » de l’abbaye utopique de Thélème mentionnée dans Gargantua de François Rabelais (1494-1553). (…)

De 1975 à 1994, Jimmy Savile animera à la BBC un autre show télévisé à succès, Jim’ll Fix It (Jimmy va le réparer) ou il exauce les souhaits des téléspectateurs, notamment des plus jeunes, devenant « Uncle Jimmy », l’oncle bienveillant du pays. En moyenne, 20 000 enfants lui écrivaient chaque semaine dans le but de rencontrer les vedettes du moment. À son décès en 2011, une imposante pierre tombale fut apposée sur sa sépulture sur laquelle on pouvait lire, avant sa destruction, cette étrange inscription « Il avait l’habitude d’étudier des livres en sous-sol à la lumière de sa lampe de mineur ». En 2014, le documentaire d’investigation britannique Was Jimmy Savile a Wizard ? (Jimmy Savile était-il un sorcier ?) réalisé par 5ociety X – The Great Universe, met en lumière la part obscure de Jimmy Savile à l’aide d’archives photos et vidéos, et on apprend que ce dernier, féru de sciences occultes, avait l’habitude de se livrer à des rituels magiques, déambulant parfois dans les rues du pays affublé d’une robe de sorcier. (…)

Au début des années 60, Jimmy Savile était chargé de trouver des dates dans les clubs d’Angleterre pour les « quatre fabuleux » de Liverpool. Lorsqu’il les accompagnait en tournées, Savile endossait le rôle de maître de cérémonie, introduisant les Beatles sur scène. Puis, en tant qu’animateur de Top of the Pops, Savile va via la BBC, contribuer à promouvoir la British Invasion dans le monde, avec pour fer de lance les Beatles, provoquant l’avènement d’une nouvelle ère au début des sixties, générant pour l’industrie musicale des bénéfices sans précédents. Les Beatles, cotés en Bourse, rapporteront bien plus d’argent au Royaume-Uni que toutes les exportations de Whisky.


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