Paul Le Cour – Morceaux Choisis

Nouvelle sortie !


Quelques extraits :

On prétend, en faveur du judaïsme, qu’il était le seul à enseigner la croyance au monothéisme, tandis que les Grecs avaient une multitude de dieux. Mais en s’appuyant sur le judaïsme, les chrétiens sont incapables d’expliquer le problème du mal, l’imperfection de la création, les tâtonnements visibles qu’elle manifeste, l’instabilité du globe terrestre, l’insécurité de la vie, les guerres de plus en plus dévastatrices, les fléaux qui déciment des contrées entières, les massacres des révolutions faisant périr des prêtres, des religieux consacrés au service de Dieu, tout cela incompatible avec le concept d’un Dieu à la fois infiniment bon et infiniment puissant.

Pour les juifs, le mal remonte au péché originel. Ils ne tiennent pas compte du mal physique dû aux phénomènes naturels : disette, tremblements de terre, éruptions volcaniques, épidémies, etc… Le judéo-christianisme, qui a fait siennes les doctrines hébraïques, est obligé d’admettre que Dieu tout puissant utilise le mal pour faire le bien.

Hellénisme et Christianisme, 1943

Depuis le début du christianisme, il existe en fait deux Églises chrétiennes : celle de Pierre et celle de Jean. Elles sont d’ailleurs représentées, à Rome, par deux basiliques : celle de Saint-Pierre et celle de Saint Jean de Latran.

La première, réservée aux manifestations mondaines et spectaculaires ; la seconde, consacrée aux deux saint Jean est la véritable cathédrale de la chrétienté. C’est là qu’ont eu lieu plusieurs conciles et que Charlemagne fut proclamé empereur.

Comme nous l’avons dit, l’Église de Pierre est l’Église exotérique, elle s’adresse à la foule. L’Église de Jean est l’Église ésotérique, dont les enseignements sont réservés aux chefs, aux conducteurs, aux béliers qui marchent en tête du troupeau.

Nous en avons une curieuse indication en assistant à la messe et en voyant le prêtre, après avoir congédié les fidèles par Ite missa est, aller lire, pour lui seul, le Prologue de l’Évangile de Ioan. Il fait ici un acte laissant entendre qu’il sait ce que la foule ignore et se nourrit d’une autre nourriture. Par ailleurs, l’Église de Pierre, c’est le judéo-christianisme : celle de Jean, l’helléno-christianisme.

Le judéo-christianisme partit de cette idée que le Christ n’était pas venu abolir l’Ancien Testament. Les judaïsants n’ont pas su s’affranchir de la notion israélite de la loi extérieure et conservent l’idée d’un jugement dernier, suivi du règne de Dieu, sur la terre, pendant 1000 ans.

À cette conception s’opposa le christianisme hellénique d’Etienne qui revendiqua le spiritualisme universaliste du Christ, contre le joug de la loi mosaïque et contre la Synagogue ; il fut d’ailleurs lapidé.

En dehors de ces deux courants, représentant l’un la Loi, l’autre la Foi, se place le courant grec de Ioan, alliance du mysticisme qui déclare que Dieu est Amour, et de la philosophie spéculative, avec Platon, Plotin, Clément d’Alexandrie, etc., considérant que Dieu est Esprit.

L’Église de Pierre représente le principe autoritaire, la Loi, la lettre ; elle s’appuya sur la force de la Rome des Césars. L’Église de Ioan fut plus libre, plus spéculative ; son langage rappelle celui des philosophes d’Alexandrie.

Ainsi que le dit Coquerel, « Rome adopta le christianisme judaïque, la hiérarchie sacerdotale d’Israël, son culte extérieur, sa notion du sacrifice. Ainsi se forma le catholicisme qui s’attribua le titre d’apostolique, en y ajoutant la désignation de romain ».

Saint Paul combattit la religion extérieure, il est l’apôtre des réformateurs et des protestants. C’est dans saint Paul que Luther trouva la pensée sur laquelle il s’appuya : le juste doit vivre par la foi et non par les pratiques extérieures.

L’évangile ésotérique de Saint-Jean, 1950


Tandis que les trois Évangiles, dits synoptiques, font du Christ le Messie attendu par les Juifs, l’Évangile johannite nous parle du Logos incarné sur la terre, lequel est un intermédiaire entre l’homme et Dieu.

Le Christ n ‘est pas le Messie attendu par les Juifs. Les judéo-chrétiens font du Christ le Messie annoncé par les prophètes hébreux. C’est pourquoi deux de ces Évangiles le font descendre du roi David ; mais la succession des rois d’Israël était depuis longtemps éteinte et, d’autre part, les Juifs, n’ayant point reconnu le Christ pour leur Messie, qu’ils attendent toujours, ont fait mettre à mort ce prétendu roi des Juifs, dont les enseignements étaient en opposition avec ceux de Moïse.

Afin d’identifier le Christ au Messie, les judéo-chrétiens n’ont pas hésité à insérer des faits, dans la vie du Christ, destinés à lui faire accomplir les prophéties de l’Ancien Testament, concernant le Messie. Or, le Messie devait donner aux Juifs la domination sur le monde et le Christ ne l’a pas fait.

Le Christ n’est pas le Dieu suprême. Si le Christ n’est pas le Messie, il n’est pas non plus le Dieu universel qui règne sur l’ensemble du Cosmos. D’ailleurs, ainsi que nous l’avons vu dans le Prologue, l’auteur du 4e Évangile le qualifie de théos, c’est-à-dire un Dieu, parmi les dieux et non o théos, le Dieu absolu.

Et le Christ lui-même, au cours de cet Évangile, ne cesse de déclarer qu’il est l’envoyé de celui qu’il appelle son Père, lequel est plus grand que lui et dont il accomplit la volonté.

Au chapitre V, 19, le Christ déclare : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père, car ce que Celui-là fait le Fils aussi le fait pareillement. »

Au chapitre VI, 46, il déclare être le seul à avoir vu le Père.

 Au chapitre IV, 34, alors qu’on l’invite à prendre de la nourriture, il répond : « Mon aliment c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. »

Et il dit encore : « Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore pas le Père qui l’a envoyé (V, 23). Je ne puis, moi, rien faire de moi-même… je ne cherche pas ma volonté à moi, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé » (V, 30).

Au même chapitre, il répète, plusieurs fois, dans les versets 36 et 37, qu’il est envoyé par le Père. Puis au verset 43 : « Moi, je suis venu au nom du Père. »

« Je suis descendu du Ciel pour faire, non ma volonté à moi, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé » (VI, 38).

(…)

« C’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites : C’est notre Dieu, et vous ne le connaissez pas, tandis que moi je le connais, et je garde sa parole » (VIII, 54 et 55).

Ce qu’il précise, en disant : « Je vais vers le Père, car le Père est plus grand que moi » (XIV, 28).

Et, au chapitre XX, 17, se trouve : « Cesse de me toucher car je ne suis pas encore monté vers le Père : mais va-t’en vers mes frères et dis-leur : « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. »

Ces paroles ne prêtent à aucune ambiguïté et montrent bien quelle est sa nature et ses rapports avec le Dieu suprême.

Au chapitre XVII, 3, il souhaite que les hommes le connaissent : « Toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » Toute cette prière du Christ au Dieu suprême est émouvante au possible : « Je t’ai glorifié sur la terre, dit-il, en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donnée à faire. »

Et voilà plus extraordinaire encore :

On lit, en effet, au chapitre VII, 16 : « Mon enseignement n’est pas le mien, mais de Celui qui m’a envoyé. »

On voit mal d’ailleurs, le Dieu suprême s’intéressant assez aux habitants de la terre, point minuscule, perdu dans l’immensité du cosmos, pour venir s’y incarner. Et, d’autre part, les tâtonnements et les imperfections de la Création, montrent bien que notre Créateur n’est pas tout-puissant.

A. Boulanger (Orphée) écrit : « On a prétendu pouvoir rattacher à l’orphisme, conception commune à un grand nombre de sectes gnostiques, celle d’une divinité distincte du Dieu suprême et d’une essence inférieure, le démiurge, qui a créé le monde et, n’étant pas parfait, a introduit le mal dans l’univers. »

C’est exactement ce qu’enseigne le 4e Évangile.

Pour les premiers chrétiens et pour saint Paul le Christ n’était pas le Dieu suprême, le Dieu universel. Saint Paul l’appelle « Kyrios », le Seigneur, et appelle Dieu « notre Père », comme le faisait le Christ.

Dans la première Épître aux Corinthiens, XI, 3, il écrit :  « Le Christ est le chef de tout homme ; Dieu est le chef du Christ. » Si, parfois, il le désigne par l’épithète théos, dieu, il l’emploie comme un qualificatif, ainsi que les Grecs parlent de Mercure, d’Apollon, etc.

Dans l’Épitre aux Éphésiens, I, 17, Paul écrit :

« Que le Dieu de notre Seigneur J.-C., le Père de Gloire, vous donne un esprit de sagesse et de révélation qui vous le fasse connaître. »

Dans l’Épitre aux Romains, XVI, 27, on lit : « À Dieu, seul sage, soit la gloire aux siècles des siècles par J.-C. »

C’est le concile de Nicée qui, en 325, proclama la divinité du Christ et en fit la seconde personne de la Trinité, égale au Père et au Saint-Esprit, consubstantiel à Dieu.

On dira, peut-être, que le Père, dont le Christ accomplit la volonté, est la première personne de la Trinité dont il fait lui-même partie. Mais alors, quand il prie le Père, il se prie lui-même ?

Pour les gnostiques Valentin, Basilide, Carpocrate, le démiurge, créateur du monde, n’est que le reflet du Père inconnaissable.

D’autres gnostiques (Ptolémée et Héracléon) ont précisé que le Dieu, qui a donné la loi mosaïque, n’est pas le Dieu suprême, mais le démiurge créateur et Jésus fut considéré, par eux, comme l’enveloppe humaine de l’entité transcendante qu’est le Christ.

Le Christ est notre Dieu solaire. En fait, le Christ est le Dieu de notre système solaire et planétaire. Il n’est qu’un Dieu, parmi ceux qui dirigent les innombrables systèmes, dont le nombre, immense, nous a été révélé par l’astronomie. Dans l’immense armée des soleils, il en est qui sont beaucoup plus importants que le nôtre, tels Sirius, Canopus, etc.

On est d’ailleurs ébloui et comme effrayé, devant cette immense armée de Dieux secondaires, soumis à la direction et à la volonté du Dieu suprême. Une telle compréhension était inconnue des Juifs, pour lesquels il n’y avait qu’un soleil, qu’une planète habitée et qui faisaient de la terre le centre privilégié du Cosmos, que les étoiles étaient chargées d’éclairer, d’après la Genèse.

Et n’est-il pas remarquable qu’en grec, qui est la langue des mystères, le thêta majuscule, lettre essentielle du mot « théos » (Dieu), soit un cercle avec un point central, ce qui est le signe astronomique du soleil et le représentait déjà chez les Egyptiens.

On comprend, dès lors, que notre régent solaire ait pu venir sur la terre, dans un organisme humain, afin d’enseigner les hommes et, notamment, de leur apprendre l’existence du Dieu suprême, dont il ne cesse de parler dans l’Évangile de Ioan.

Selon les Écritures, notre démiurge a fait sa demeure dans le soleil. L’Évangile johannite nous dit qu’il est la lumière et la vie, venues, l’une et l’autre, du soleil. Le Christ déclare qu’il est le pain descendu du ciel, que le pain est son corps et le vin, son sang. Ce sont, en effet, des rayons solaires matérialisés.

Le Dieu solaire a fait l’objet du culte de l’humanité primitive qui ne concevait pas l’existence d’un Dieu supérieur invisible et inconnu.

La religion solaire fut celle des Atlantes et Dupuis (De l’origine de tous les cultes, ou religion universelle) eut beau jeu, en prétendant que le Christ est le soleil, de dire que la religion chrétienne est une religion solaire. Il eut seulement le tort de matérialiser cette idée.

Nota. Les judéo-chrétiens, dans leurs prières, invoquent « Jésus, fils de David ». Or, il faudrait s’entendre. Car si Jésus est Dieu, il n’est pas le fils de David, ancêtre prétendu de Joseph, selon les généalogies de Matthieu et de Luc ; et s’il est fils de David, il n’est pas Dieu. On n’en est plus à une contradiction près.

L’évangile ésotérique de Saint-Jean, 1950

Disponible ici : https://www.thebookedition.com/fr/49134_arthur-sapaudia

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